Vendredi 3 février 2016, départ pour ma formation de yoga au Mont-Tremblant
Mes bagages s’empilent dans le salon : coussins, traversin, blocs et autres accessoires de yoga, 10 kilos d’ouvrages de référence, mon équipement de ski de fond et mes raquettes, 3 kits de mitaines, 2 paires de bottes (sans compter celles de ski de fond, ni mes runnings de neige), plus la totalité de ma garde-robe de linge mou parce qu’il n’y a pas de laveuse dans le petit studio qui me servira de refuge pour les 10 prochaines nuits.
En voyant la montagne, Alexis, perplexe, m’a lancé « Cou’donc, pars-tu dans l’armée? ». Quand on part en voyage en famille, j’insiste pour que chacun fasse entrer tout son stock dans son bagage de cabine. Mais là, ça compte pas. J’peux quand même pas apprendre le sanskrit avec des bas sales.
À 15 h, je prends la route, soit seulement 120 minutes après mon heure de départ prévue. Après 19 ans de vie commune, Jean-François a déteint sur moi (énoncé bourré de mauvaise foi).
À Québec, arrêt pour faire le plein. Un coup d’œil au tableau de bord me rappelle froidement qu’il fait -18,5 C. Nostalgie de l’époque des stations-service avec service. Quittant le confort de mon banc chauffant, je lutte contre le vent, réussis à ouvrir ma portière et engage la conversation avec la pompe-guichet automatique. Glisser ma carte dans la fente. Pas du bon côté. OK, l’autre bord. Non, je ne veux pas de lave-auto. Non, je ne collectionne pas les Pétro-points. Laissez faire le small talk, madame la pompe, pitonner sur votre clavier exige d’enlever mes mitaines et mes doigts virent au blanc. Entrer mon NIP en le cachant avec mon autre main, d’un coup qu’un drone survolerait mon espace aérien. Attendre l’autorisation en cours. Attendre. Attendre. Bingo! « Choisissez votre carburant, décrochez le bec et commencez à faire le plein ».
Merde. Je me suis arrêtée à la pompe régulière, alors que l’auto ne boit que du diesel. Pfff…
Annuler la transaction, changer de pompe, recommencer l’opération. Avec les doigts frettes, le refus du lave-auto, pis toute, pis toute. Et décrocher le bec diesel pour commencer à faire le plein.
Re-merde.
Y’a-tu quelqu’un qui peut m’expliquer pourquoi y’a deux types de becs pour le diesel? Un gros, qui ne rentre pas dans l’embout de mon réservoir, et un plus petit, avec un câble spiralé, qui lui fait l’affaire? Pis puisqu’il y en a deux, pourquoi Shell n’indique pas le type de bec sur la pompe? Parce que sans te garer, sortir de ton auto et vérifier, il ne semble pas y avoir moyen de les distinguer. C’est sûr que j’aurais pu vérifier avant d’engager le dialogue avec le guichet automatique, par contre.
Donc rechanger de spot, recommencer le tout et ressentir un soulagement quand les chiffres se mettent à rouler sur l’écran. Le commis, bien au chaud derrière son comptoir, m’a envoyé un signe de main doublé d’un sourire (moqueur). Avec les doigts gelés et la goutte au nez, l’adjectif moqueur tend à se transformer en baveux.
Quatorze minutes plus tard, je reprends donc la route et file sans encombre jusqu’à l’autre grosse station de ski du Québec.
Les propriétaires du studio m’avaient avisée, c’est un peu difficile à trouver. Alors je prends mon temps. Et alors que je fais une pause au bord du chemin Champagne pour vérifier les indications (le GPS n’indique pas leur adresse, j’étais avisée aussi), un véhicule s’arrête à côté de moi et baisse sa vitre : « Es-tu Karine? Suis-nous, on va te montrer le chemin! ». L’univers doit chercher à se faire pardonner pour l’affaire des becs diesel non identifiés. J’ai même eu droit à un coup de main de mes charmants locateurs, Gilles et Johanne, pour monter mon camion de déménagement de bagages jusqu’au charmant studio sis au-dessus de leur garage séparé. La rivière d’un bord, les chevreuils de l’autre, mon p’tit poêle à bois, une jolie cuisine, un lit confortable et des fenêtres tout le tour. C’est merveilleux!
Lien vers le studio, si vous cherchez un endroit charmant à Tremblant: https://www.canadastays.com/ski-chalet-enjoy-nature-5-minutes-ski-resort-mont-tremblant-qc-p289200