Recommandation: quand vous entrez en Europe, dans l’espace Shengen, assurez-vous de faire étamper votre passeport. Pas d’étampe de bienvenue dans le mien. Ce matin, jai eu du mal à les convaincre que j’étais bel et bien entrée en Suisse, condition incontournable pour avoir le droit d’en ressortir… Nope, pas d’autre passeport. Nope, pas de visa de séjour. Nope, pas née en Suisse. Nope, je ne suis pas ici depuis plus de 90 jours. Ma carte d’embarquement du vol d’aller n’était pas très convaincante non plus. Mais faut croire que la douanière aime le ski de fond, parce que quand je lui ai dit d’où j’arrivais, elle a fléchi en souriant. Et en me répétant quand même de toujours faire étamper mon passeport à l’avenir, quitte à revenir sur mes pas si j’ai été accueillie par un agent distrait.
Je suis maintenant dans l’avion. Le copilote vient d’annoncer un retard de 40 minutes à cause de la météo. Neige, pluie, vent, dégivrage nécessaire. En autant que j’entre au Canada avant 23:59 ce soir, date d’échéance de mon passeport. Sinon, je vais errer comme Tom Hank dans le film The Terminal.
Autre anecdote: j’ai dû devancer mon vol de retour d’une journée. Au départ, je devais rentrer le 13. Mais pour avoir le droit de quitter le pays pour l’Europe, il faut un passeport valide 3 mois après la date du retour. Erreur de débutante, je n’avais pas pensé à ça… avant d’arriver au comptoir d’embarquement à Québec. Date d’échéance de mon passeport: 12 mars 2017, soit un jour trop tôt. (Quand même luckeuse, hein?) Je ne sais pas si l’agent d’Air Canada Bonjour-Hi aimait le ski de fond lui aussi, mais j’ai réussi à faire changer mon vol on the spot pour 5$. Plus taxes. 😁
Ma mission de demain (journée de congé imprévue): aller au bureau des passeports et faire renouveler le mien pour 10 ans!
Ça y est, les courses de Davos sont terminées. Cendrine Browne et Emily Nishikawa ont très bien fait hier (dimanche). Idem pour plusieurs gars, dont Alex classé 10e aujourd’hui. (Tu vois Mireille que mes techniques de massage portent leurs fruits!)
Je suis très fière d’avoir vécu cette aventure avec eux. Fière de m’être rendue ici (merci Isabelle T., merci Louis pour votre confiance) et fière d’avoir fait de mon mieux pour les aider. J’espère que j’aurai la chance de répéter cette expérience, mais si ça n’arrive pas, je serai vraiment satisfaite de m’être rendue là!
Encore 4 massages aujourd’hui, puis je reprends le train (3 trains) direction Zurich. Mardi matin: vol vers Toronto, puis vers Québec où je retrouverai ma tribu, familiale et élargie. J’ai hâte de vous voir et de faire du yoga avec vous! (Message subliminal à tous ceux qui ont lu ce blogue et qui ne sont pas encore venus yoguer: le vendredi 29 décembre, c’est yoga-apéro chez Endorphine, à la base du mont Sainte-Anne. Suffit de savoir respirer et d’aimer passer un bon moment!)
Le seul Canadien qui s’est qualifié, c’est Alex. Prêt à partir pour la suite. Mon massage d’il y a quelques minutes va le faire gagner, checkez ben ça!
Premier matin de course, aujourd’hui c’est les sprints. Davos présente le parcours de sprint le plus court du circuit de la Coupe du monde. Deux tours, deux minutes trente à peu près.
Pour moi, tout est nouveau! Et comme tout le monde est occupé, je me promène d’un endroit à l’autre, en disant que je suis disponible pour n’importe quoi, si on a besoin de moi. À part distribuer des sourires, m’enlever du chemin et me sentir incroyablement chanceuse d’être ici, ma job n’a pas commencé encore.
Il neige et vente ce matin, c’est assez froid et les conditions sont très différentes de celles d’hier. Les farteurs sont dans le jus…
J’ai monté notre table dans la tente des athlètes avec John, le physio. Ma mission principale aujourd’hui: masser ceux qui passeront l’étape des qualifications, avant la « vraie » course.
C’est un départ individuel, aux 15 secondes. Les filles de l’équipe partent vers 11h.
Anecdote: il y a des machines à espresso, du chocolat et des petits pains partout! 😋
… pas pour les skieurs, vous en faites pas. C’est mon ordi qui a des problèmes techniques. J’ai fait une mise à jour ce matin et depuis, plus rien ne va. En fait, ça va très leeen-teeeee-mennnt (lire avec un accent genevois traînant). Je fais donc un dernier essai avant d’aller me coucher, histoire de partager avec vous quelques moments de ma journée.
Il a fait (encore) très beau aujourd’hui. :)) Le soleil brille de tous ses feux, ce qui rend la température très agréable. Il semble que ce soit la règle ici: il neige, puis le soleil revient. Pas de journée grise-pour-rien.
Je suis allée voir le plateau de départ et l’endroit où sont stationnés les gros camions de chaque pays (un stationnement gardé par des soldats suisses vêtus en kit de camouflage). C’est impressionnant. Les camions, j’veux dire. Tellement que j’ai oublié de prendre des photos pour vous montrer. Je me rattraperai demain. L’équipe canadienne a acquis un camion aménagé à l’origine par l’équipe suédoise, c’est vraiment bien fait. Pendant tout l’hiver, ce gros véhicule sert d’atelier intérieur. Y’a du ski pis du produit là-dedans, mes amis!
Juste à côté se dresse une sorte d’abri tempo canayen qui sert de vestiaire de hockey aux skieurs. Parce que dans le camion-atelier, quand les farteurs font chauffer les produits, ça dégage des vapeurs non recommandées pour les poumons d’athlètes (pour n’importe quels poumons, en fait, c’est pour ça que lesdits farteurs portent des masques). Tout ça est équipé de chaufferettes, mais avec le soleil qui plombe, ce n’était pas nécessaire aujourd’hui.
Je suis revenue à pied par le tour du lac – en croisant un poulailler, un train, une planche de surf et une bergerie – , pour vite me rendre compte que j’étais ben trop habillée. Dans ce sens-là, ça monte en plus. Arrivée à l’hôtel, j’ai renoncé à m’asseoir en-dedans avec le groupe, préférant de loin la terrasse plein sud sur laquelle j’ai dévoré un spaghetti à la bolognaise (spaghetti bolognese en allemand: de plus en plus facile, cette langue!), en t-shirt, les fesses calées sur une peau de mouton. La grosse vie sale!
Nouvelle expérience aujourd’hui: j’ai massé l’un des athlètes sous l’œil attentif d’un contrôleur antidopage, assis dans le coin de ma chambre. Parce qu’il faut attendre 2h après l’entrainement pour faire les prélèvements et que jusque-là, le vérificateur doit accompagner l’athlète partout. Mes gestes étaient scrutés attentivement. Je l’oubliais la plupart du temps, ça faisait juste bizarre de réaliser qu’il était là tout d’un coup.
Autre anecdote: le conducteur du camion, Joël, me racontait qu’à la frontière suisse, les douaniers demandent un dépôt de 300 euros. Ou CHF, je sais pus. Anyway, le but du jeu, c’est que quand il ressort du pays, il doit déclarer la portion de son chargement qu’il a consommée sur le territoire suisse et payer une taxe en conséquence, le reste du dépôt lui étant remboursé. Genre 3 tubes de cire, une canne de klister et deux boites de Kleenex. C’est une déclaration créative chaque fois, personne ne vérifie le chargement du camion. Il semble que quand ils ouvrent les portes et voient la quantité de skis qu’il y a là-dedans, ils préfèrent les refermer. Quant au chauffeur, il préfèrerait de loin payer 300 euros pour éviter la paperasse et les délais. Bel essai, mais ça marche pas d’même…
Aujourd’hui, je ne vous écris pas en petit-déjeunant, mais bien à partir de mon poste matinal de luminothérapie, devant la fenêtre de ma chambre qui s’ouvre à l’est (vive les hôtels dont les fenêtres s’ouvrent!), les pieds sur le radiateur.
Selon Wikipedia, Davos est « la ville la plus élevée d’Europe » Ça m’a étonnée. 1560 m, c’est quand même juste deux fois le mont Sainte-Anne… Intriguée, j’ai poursuivi mes recherches pour réaliser que mon étonnement n’était pas sans fondement:
« Plusieurs localités européennes revendiquent le titre de « plus haut village d’Europe », une affirmation à but souvent touristique. (…) Il n’existe pas vraiment de méthode consensuelle pour mesurer l’altitude d’un village, c’est-à-dire un ensemble d’habitations occupées toute l’année. Selon les cas, il peut s’agir du plus haut point, du plus bas, d’une moyenne ou d’un point en particulier (église, hôtel de ville, etc.). Les différentes affirmations peuvent donc s’appuyer sur de nombreux cas particuliers. À cette ambiguïté s’ajoute un problème spécifique : il n’existe pas de consensus sur les limites de l’Europe. »
En comparaison, le mont Blanc, avec 4 809 m d’altitude, est le plus haut sommet d’Europe (mais la commune de Chamonix est beaucoup plus basse: 1000 m). Quant au sommet de Blackcomb, il culmine à 2284 m. J’ai donc une bonne marge de manoeuvre avant d’être affectée par l’altitude (ça skiait très bien à Blackcomb…).
Il n’y a que 11 000 habitants à Davos, mais c’est là que se trouve la plus grande patinoire couverte d’Europe, le Vaillant Arena nommé ainsi en l’honneur de son commanditaire principal, une entreprise spécialisée en technologies de chauffage. C’est sur cette glace que le HC Davos (HC = Hockey Club…) dispute ses matchs à domicile. L’équipe est actuellement au 5e rang des 12 équipes de la Ligue nationale suisse, dominée par Berne. Fin de la parenthèse hockey.
Autre fait intéressant sur Davos: en 1853, un médecin allemand a constaté que le microclimat de la vallée était propice au traitement de la tuberculose et autres maladies pulmonaires. Le village s’est alors transformé en lieu de cure et les sanatoriums, hôtels et pensions ont poussé comme des champignons. En 1948, grâce à la streptomycine (un antibiotique à large spectre), l’un de ces établissements a réussi à soigner la tuberculose et l’encéphalite. Les longues cures en montagne ont progressivement fait place à la vocation sportive et touristique de Davos.
Chez nous, on entend aussi parler de Davos parce que c’est là que se tient la réunion annuelle du Forum économique mondial. J’ai d’ailleurs croisé le Centre des congrès pendant une de mes promenades, ainsi que ce bel hôtel qui reçoit probablement sa dose de dignitaires…
Autre photobservations:
En terminant, constat en ouvrant la télé à TV5 Monde ce matin: Johnny Halliday has left the building. Les nouvelles rejouent en boucle sa carrière et toute la France témoigne. Sans oublier Céline Dion. Jean d’Omersson s’est aussi envolé hier, mais je crains fort que sa mort soit éclipsée…
Mardi matin, encore en train de manger, après avoir dormi 10h. :))
Le soleil me chauffe le dos et mon assiette déborde de saveurs qui font partie du top 10 « que j’amènerais avec moi sur une île déserte »: pain frais, fruits frais, gruyère, noisettes, confiture de bleuets et café. Est-ce que je vous ai parlé du café? Chaque matin, on m’apporte une petite carafe de café – allongé, avec crema – et une autre de lait chaud moussé. En argenterie, frappée aux lettres de l’hôtel. C’est un lieu simple, mais ô combien charmant!
L’équipe est arrivée de Norvège hier. J’ai retrouvé Cendrine, Alex, Louis et tous ceux que je ne connaissais pas encore. Les filles m’ont invitée à leur table pour souper, elles ont donc eu la priorité pour les massages d’aujourd’hui! 😉
Ma table de massage arrivera ce midi, après un trajet de 2000 km par la route depuis Lillehammer, dans le camion qui transporte aussi le gros des bagages de l’équipe (pas besoin de se payer le triathlon aéroportuaire du charroyage de valises …). Les farteurs jouent le rôle de chauffeurs.
Je suis en congé ce matin, pendant que les gars sont en ski et les filles, au gym à Davos. Un seul gym pas très grand + beaucoup d’équipes = il faut se synchroniser. Les Australiennes libéraient la place à 10h pour mes compatriotes.
Ils reviendront tous pour le dîner, puis 3 massages avant qu’ils repartent s’entrainer en fin d’après-midi, ensuite un autre massage et souper à 19h. C’est à ça que ressemblera mon horaire des prochains jours. Samedi et dimanche, ce sont les courses: http://www.davosnordic.ch/en/event/program/
Je masserai en après-midi et serai préposée au bonheur collectif le matin, notamment en me tenant au bord de la piste avec des bâtons de rechange, au cas où. Une promotion qui découle certainement de mon expérience de ravitailleuse enthousiaste et aguerrie pendant les courses de vélo! Et ici, pas besoin de me casser la tête pour compter les tours et donner la bonne bouteille, eau ou Gatorade, au bon tour… 😉
Retour dans le temps
Lors de ma promenade « en ville » de dimanche, on m’a demandé quelques fois qui j’étais et pourquoi j’étais ici. (Because la veste du Centre national d’entrainement, pas seulement à cause de mes beaux yeux…) Constatation: le pays de Justin Trudeau et de Céline Dion (me semble que c’était déjà la référence il y a 30 ans, avec Roch Voisine… ) bénéficie encore d’une forte cote de sympathie. Les gens connaissent Alex Harvey, mais leur préférence va bien sûr à la vedette locale, Dario Cologna: http://www.dariocologna.ch
Dimanche donc, je suis partie d’ici à pied, sous le grand soleil de midi. Emprunté le sentier, longé le lac, pris des photos… Puis j’ai atteint Davos Dorf, le hameau suivant dans le chapelet, un peu plus encaissé dans la vallée. En fin d’après-midi, le -16 C qui me semblait confortable a révélé sa nature profonde: ben frette. Comme les magasins sont fermés le dimanche (et de midi à 14h la semaine, comme je le constaterai le lendemain), j’ai suivi l’exemple d’Esmeralda et me suis réfugiée dans une église. Une jolie église toute simple, en pierre et en bois, qui m’avait fait un clin d’oeil.
Parenthèse: je ne suis pas pratiquante. Ni croyante. Mon ex-belle-grand-mère a même déjà déclaré que, puisque je n’étais pas baptisée, je n’avais pas d’âme. (Shame on you, Mom!) Longtemps, je me suis définie comme athée, c’est-à-dire « qui ne croit pas en Dieu ». Puis j’ai lu Hubert Reeves, qui affirmait n’avoir aucune preuve de l’existence de Dieu, mais aucune preuve de sa non-existence non plus. Bingo!
Extrait d’une entrevue accordée au journal Le Point, en 2010:
Le Point : Croyez-vous en Dieu?
Hubert Reeves : Je n’ai aucune preuve de l’existence de Dieu, mais aucune preuve de sa non-existence non plus. Ce que je remarque d’ailleurs, c’est que toute preuve est inutile aux croyants. Chercher une preuve est vain. La croyance n’est pas la rationalité.
Peut-on concilier science et croyance? La science a pour mission de nous aider à comprendre comment l’Univers fonctionne. Pas de nous dire ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas. Elle peut nous apprendre comment faire des OGM ou des bombes atomiques. Elle ne peut nous dire si c’est une bonne idée d’en faire. La mission de donner du sens, de la valeur aux choses est celle des religions, des morales, des philosophies. J’aime citer la phrase de Galilée aux Dominicains : » Dites-nous comment on va au ciel et laissez-nous vous dire comment va le ciel. » Les accélérateurs de particules et les télescopes ne nous apprendront rien sur le sens des choses.
Le big bang est-il synonyme de temps zéro et donc de création? Le big bang ne doit pas être considéré comme le début de l’Univers, le » temps zéro » du cosmos, le moment de la » création « . Cette théorie est la frontière temporelle de nos connaissances. La cosmologie explore le passé de l’Univers à partir de fossiles cosmologiques que sont le rayonnement fossile, la population des atomes d’hydrogène ou d’hélium, etc. Les plus vieux fossiles s’arrêtent au big bang, il y a 13,7 milliards d’années. Au-delà, nous ne savons plus rien, pour l’instant. Ce n’est pas un début, mais un horizon.
L’idée d’un principe créateur a-t-elle sa place dans un raisonnement scientifique? Non. Il est exclu par convention. La méthodologie de la science, définie par les penseurs grecs et poursuivie depuis plus de deux mille ans, est fondée sur la décision de chercher des explications à des phénomènes naturels en évitant toute intervention d’éléments hors de la nature, comme un » principe créateur « . L’existence ou non d’un grand ordonnateur auquel se référaient des scientifiques comme Einstein n’est pas du domaine de la science, mais de la croyance.
* Hubert Reeves est astrophysicien, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique de Saclay, professeur associé au département de physique de l’Université de Montréal et auteur. Et il a une sacrée belle barbe!
Fin de la parenthèse, retour à l’église vers laquelle mes pas ont été guidés non par la foi, mais bien par mes doigts blancs. J’aime bien les églises, surtout celles qu’on trouve en Europe. Ça me touche de penser qu’il y a 1000 ans, une paysanne en sabots s’est assise à la même place que moi. J’aime regarder l’architecture des lieux et la façon, pas toujours réussie, dont le filage électrique a remplacé les bougies.
Bref, je suis assise sur mon banc, en compagnie de 8 autres fidèles (ou frileux), quand les cloches se mettent à sonner. Quelques instants plus tard, le prêtre entre en chantant, dans sa soutane mauve, suivi de deux garçons de messe drapés de blanc, cierges à la main. Et il a chanté comme ça , en allemand, le 3/4 de la messe, d’une belle voix grave amplifiée par les murs de pierre et le plafond de bois. Un sermon chanté, surtout quand on n’y comprend mot, c’est vraiment charmant.
Je me suis faufilée à l’extérieur au moment de la communion. Pas de péchés à expier, c’est l’avantage de n’avoir pas d’âme!
J’ai ensuite repris ma promenade. Le reste du récit en photos:
Ce matin, c’est le ballet des déneigeuses. Les athlètes, qui arrivent aujourd’hui, auront de la belle neige fraîche à se mettre sous les skis!
Je suis partie à la découverte à pied hier après-midi, en empruntant le sentier qui mène jusqu’à Davos Dorf. Une heure de marche dans la forêt, puis le long du lac (Davosersee). Pas de risque que je me perde ici, la signalisation est précise comme une montre suisse. Tout est en allemand, mais une fois qu’on sait où on va et d’où on vient…
C’est l’heure du petit-déjeuner, l’appel des croissants se fait sentir. La prochaine fois, je vous parle des poubelles extérieures qui ressemblent à des chaudières d’eau d’érable, des oeufs arc-en-ciel et de la messe en allemand. Bis dann!
Ça y est, je suis arrivée à Davos! Après 2 changements d’avion (Québec-Mtl, Mtl-Genève, Genève-Zurich), j’ai pris 3 trains (Aéroport de Zurich-Gare centrale, Gare centrale-Landquart, Landquart-Davos), et me suis juré de voyager plus léger la prochaine fois. Swinger mes valises, du quai de la gare jusqu’en haut des marches du train sans mettre le pied dans l’espace qui sépare le quai de la première marche, c’est du sport!
Ces épreuves d’haltérophilie étaient vite balayée par le trajet féérique. La voie ferrée serpente entre lacs et montagnes, le soleil de fin d’après-midi entrait à flots par la grande fenêtre contre laquelle mon front venait cogner à intervalles réguliers. Vite, une gorge d’eau! Si je m’endors, je vais manquer ma station. Déjà que tout est en allemand, signalisation et annonces vocales. Focus requis.
Je n’arrive pas à dormir en avion. J’aime le sentiment de flotter au-dessus de l’océan, entre une mer de nuages et la voûte étoilée, avec rien d’autre à faire que respirer et regarder par le hublot. Je prends toujours un siège hublot. Les problèmes d’espace pour les jambes, connais pas.
Entre Montréal et Genève, je suis tombée sous le charme de L’Histoire de Pi. J’avais lu le livre, mais jamais vu le film, de peur d’altérer la magie des mots de Yann Martel. Crainte non fondée, j’ai adoré.
Dernier arrêt de mon périple : la station Davos Wolfgang. Mon hôtel, le Kessler’s Kulm, est situé dans les hauteurs de Davos. C’est un petit hameau, avec un lac qui semble ceinturé par un sentier. Je vais aller explorer par là tantôt.
Je suis hébergée en demie-pension, souper et petits-déjeuners inclus. Très bien mangé hier : potage à la courge, salade croquante, filet de porc en croûte de parmesan et romarin, le tout couronné par un sublime sorbet aux mûres. Miam! J’ai pris un verre de vin rouge local… ce soir j’opterai pour l’italien.
Puis j’ai dormi 10 heures en ligne, blottie sous deux épaisseur de couette.
L’enchantement a grimpé d’une coche ce matin quand j’ai ouvert les rideaux : il y a des montagnes tout le tour, l’air est frais et vivifiant, on est au pied de certaines pistes de ski alpin, d’autres partent en ski de fond… J’ai peine à croire que je suis ici pour travailler.
Au petit-déjeuner m’attendait une grande table garnie de croissants, chocolatines et mini miches dorées, avec une croûte parfaite et une mie alvéolée, chaude et moelleuse. Même le beurre a un goût divin, ça doit être à cause des grosses cloches que les vaches suisses portent au cou. Maman : quand j’ai mordu dans mon pain, ça goûtait l’Alsace, comme chez Mamie avant de partir à l’école! Retour dans le temps instantané. J’ai failli troquer mon café pour un gros bol de chocolat chaud. Il ne manquait que mon Pépé et son chien Youki, m’attendant patiemment pour aller chasser les chanterelles. Un peu de confiture de myrtilles, mangée à la cuillère tellement c’est bon : souvenir amplifié.
Il y a aussi un grand bol de noisettes, où j’ai pigé abondamment. Et pour topper tout ça, une tranche de gruyère bien épaisse, tranchée par moi-même à même la meule. Je pense que je vais me remplumer ici…
L’équipe arrive seulement demain, j’ai donc une autre journée pour me préparer, me documenter davantage sur les membres de l’équipe qui proviennent des centres nationaux de Canmore et de Thunder Bay afin de mieux les connaître. Puis manger encore, marcher encore, dormir encore, respirer encore…
Je vous envoie quelques photos. Elles proviennent d’Internet, car mon téléphone était mort hier. Je vais me reprendre aujourd’hui. Les prises de courant ne sont pas
comme en France, alors mon adaptateur ne fonctionne pas. Les gens de l’hôtel m’en ont prêté un autre, qui fait le lien entre la France et la Suisse. J’ai donc un train électrique : un wagon avec ma prise canadienne, qui suit un wagon français, qui suit un wagon suisse branché dans le mur. Et ça fonctionne, vive la mondialisation!